3 mars 1932 Kamel et sa famille arrivent à Casablanca.
Port de Casablanca (1932).
Le 3 mars 1932, Kamel, Sobhiyé et les enfants assistent sur le pont du bateau, à l'approche de la côte marocaine. Les enfants s'agitent, Kamel a le regard fixe et dissimule assez mal son inquiétude, il ne sait pas ce que l'avenir lui réserve, et s'en remet à Allah.
Il fait part à Sobhiyé de son intention de prendre de l'avance sur les autres passagers, en commencant à sortir les premières malles de la chambre. Sobhiyé, qui tient dans ses bras Maryam, qui n'a que 40 jours et Aatiyate, Souad tenant Itaf, suivent Kamel et Fouad en se faufilant entre les nombreux passagers sortis sur le pont. Quand soudain, le bateau se met à basculer violemment, à droite puis à gauche, sans doute à la suite d'une manoeuvre trop brusque du capitaine à l'entrée du port, où les courants s'entremêlent .
En une fraction de seconde, tout le monde est expedié à terre. L'eau envahit les ponts et les escaliers, puis les soutes, la panique à bord est totale, tout le monde en vient à prier Dieu. Le jeune Fouad réussit difficilement à se cramponner à son père, qui, de justesse parvient à éviter la chute d'un coffre, qui l'aurait sans doute écrasé. Sobhiyé et les petites en pleurs, appellent Kamel à l'aide au milieu des cris. Celui-ci les rejoint et prend Maryam dans ses bras, la lève au ciel et dit : " Ya Allah nous avons tous péché, mais ce bébé de 40 jours n'a rien fait ! Sauve-le et sauve nous pour lui ! ". Et d'un coup le bateau retrouve sa stabilité, les cris et les pleurs s'apaisent, et l'on entend les gens s'exclamer " Allah Ou Akbar ""Al Hamdellah ".
Kamel et Sobhiyé savent trouver les mots pour réconforter les petits, sur le visage desquels domine l'épuisement. Les affaires regroupées mais mouillées, la famille Taquiedine se dirige vers le pont par lequel se fera la sortie.
L'air marin du port de Casablanca enveloppe la famille. Sobhiyé ne peut s'empêcher de repenser à Beyrouth, mais cette nostalgie est vite rattrapée par la réalité, elle sait qu'elle va devoir être forte et soutenir son mari...
