1914 Kamel Taquiedine a 22ans quand les esprits s'échauffent à Damas...

Damas est depuis des siècles sous domination Ottomane. La résistance s'organise difficilement, les prisonniers des geôles turques se font de plus en plus nombreux. La Première Guerre Mondiale éclate en 1914, et les Ottomans sont alliés aux Allemands.

En juin 1916, éclate la révolte arabe contre les Ottomans, à l'initiative du chérif Hussein de La Mecque et de ses quatre fils, à l'instigation du résident anglais au Caire, sir Henry McMahon. Damas est en première ligne, les ottomans sentent la poudre leur monter aux yeux. La répression n'en sera que plus dure...

Kamel, comme la plupart des jeunes hommes arabes de son âge, entre dans la clandestinité, dans Damas même. Ce n'est pas sans peine, que ses parents déjà vieux, et ayant perdu leur plus jeune garçon Aabbass dans une attaque répressive ottomane en plein Damas, voient leur fils prendre de tels initiatives, les Ottomans sont ici réputés sans pitié.

Faqri Basha et Jaafar Basha, Généraux Turcs des forces ottomanes de Médine et Baghdad.

Mais Kamel s'organise lui et ses compagnons de lutte. Les Turcs essuient de sérieux revers, mais leur avance militaire sur les combattants tribaux arabes, va engendrer de nombreuses pertes arabes civiles et "armées".

1916 Kamel Taquiedine va cotoyer de près celui qui va être l'acteur principal de la révolte arabe : ...LAWRENCE D'ARABIE (T.E.Lawrence)...

Thomas Edward Lawrence, volontaire de la Grande Guerre britannique, connaissait très bien la Grande Syrie, pour y avoir entrepris un long périple à pieds entre juin1909 et décembre 1910, mais aussi l' Egypte et son désert : le Sinaï. Il participe pendant près de trois ans aux fouilles de Karkemish (Syrie du Nord), à déterrer des vestiges hittites. Autant qu'à l'archéologie, il se consacre à l'ethnologie, observant les Bédouins nomades, qui lui apprennent la langue arabe dans sa version syrienne " ahlan khayo shlonak !!! ".

Lawrence chez les Bédouins.

Volontaire en 1914, il sert donc au Proche-Orient. Au Caire, sous-lieutenant jusqu'en 1916, il interroge les prisonniers arabes de l'armée turque, nouvellement libérés, et établit des cartes et transmet des renseignements.

Le travail de bureau dans un hôtel du Caire prend fin quand éclate la révolte arabe contre les Ottomans, en juin 1916, à l'initiative du chérif Hussein.

Ainsi est donnée au capitaine Lawrence, l'occasion de se distinguer. Le colonel Gilbert Clayton, directeur des renseignements, fondateur du Bureau arabe, et le diplomate sir Ronald Storrs choisissent Lawrence comme officier de liaison auprès du chef de la révolte arabe, l'émir Fayçal, pour conseiller celui-ci, les cheiks des tribus bédouines et l'armée régulière arabe en formation. Lawrence joue aussi le rôle d'intendant en fournissant armes et argent à ces nouveaux alliés.

L'Emir Fayçal et Lawrence en 1917.

1917 Kamel Taquiedine combat à Aqaba, sur la Mer Rouge, et est sérieusement blessé mais vainqueur.

Les Arabes et Lawrence mènent une véritable guérilla pour harceler le chemin de fer du Hedjaz, vital pour l'ennemi ottoman, en détruisant les ponts, en attaquant les gares et les trains de Damas à Médine. Il neutralise ainsi la garnison de cette ville.

A ces frappes imparables, s'ajoutent des exploits retentissants :

Ainsi l'expédition d'El Ouedj à Aqaba, à dos de chameau, dirigée par le célèbre chef de la tribu des Haoueitats, Awda Abou Tayeh et par le chérif Nacer de Médine, avec leurs volontaires, parmi lesquels Kamel Taquiedine, suivant les instructions de Lawrence, parcourt 950 kilomètres de pistes de désert montagneux en moins de deux mois torrides (9 mai-6 juillet 1917) et est couronnée par la prise d'Aqaba par l'intérieur, et non par la mer. Les Turcs sont pris par surprise, pour preuve, lors de l'attaque, les canons sont dirigés vers la mer.

Dans ce seul port qui restait aux Turcs sur la mer Rouge, Fayçal peut installer son quartier général.

Awda Abou Tayeh.

Lawrence ordonne l'assaut contre Aqaba à ses troupes.

Le combattant Kamel Taquiedine, cavalier habile et entraîné, donne toute sa force dans la bataille, il sera sérieusement blessé au visage et à l'epaule, des cicatrices qu'il aimera montrer lors des assemblées familiales, 30ans plus tard...

L'épée de Kamel qui fut son arme lors de la bataille d'Aqaba.

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C'est après la victoire d'Aqaba que Kamel Taquiedine et Lawrence se lièrent d'amitié, pour preuve cette médaille de confiance datant de la Révolution Française, que Lawrence possédait en collectionneur qu'il était, et qu'il offra à Kamel en signe d'amitié personnelle et de reconnaissance.

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fin 1917-1918 Kamel Taquiedine poursuit son "Rêve Arabe" en combattant pour la Terre Sainte de Palestine, et sa terre natale : La Syrie.

Après la victoire d'Aqaba, Kamel Taquiedine se réengage dans l'armée de Fayçal composée de soldats Arabes réguliers et Bédouins nomades, conseillée par Lawrence et le colonel Alan Dawnay, sous le commandement en chef du général Allenby, et participe ainsi à la conquête de la Palestine (Jérusalem, 11 décembre 1917) et de la Syrie (prise de Damas le 1er octobre 1918).

Lawrence à Damas 1er octobre 1918.

Lawrence à Damas en habits traditionnels.

1918 A Damas, Kamel Taquiedine apprend la mort de son père et est témoin de la trahison anglaise.

La bataille pour Damas remportée, Kamel Taquiedine retrouve sa ville natale libérée du joug ottoman, une ville qu'il a quitté il y a 2ans pour aller combattre en Arabie. Mais Kamel apprend que son père Hajj Ahmad Taquiedine est décédé peu de temps après son départ pour Aqaba. Il était resté sans nouvelle de sa famille depuis près de 2ans.

Hajj Ahmad Taquiedine mourrut à Damas dans la maison familiale après quelques jours d'isolement dans une piéce de la maison voulu par lui, "il avait senti la mort arriver" dira Amné à son fils Kamel. Ses dernieres paroles furent "Allah Yerdi aala Kamel wa aala Zahiyé".

Kamel, va, pour entretenir sa mère et sa soeur, ouvrir un premier commerce, dans le centre ville de Damas, mais continuera à soutenir politiquement, en temps que partisan et ami, le désormais "Roi Fayçal" qui va s'installer à la tête de la Syrie, mais pour très peu de temps...

Damas et Jamaa El Omawi.

En effet, représentant de la délégation britannique auprès de Fayçal à la Conférence de la paix à Paris (1919), Lawrence tente en vain de défendre les intérêts communs des peuples arabes et de la Grande-Bretagne.

Faycal avec à gauche Lawrence et le Général Nuri.

Comme le laissaient prévoir les accords anglo-français Sykes-Picot de 1916, le gouvernement britannique trahit ses alliés arabes en cédant la Syrie et le Liban aux Français, et en s'attribuant la Palestine, la Transjordanie et l'Iraq, au titre de mandats de la Société des nations.

Laissant la France briser les résistances syriennes, les Britanniques doivent, pour des impératifs financiers, apaiser le soulèvement des Iraquiens et des Palestiniens à la conférence du Caire (12 mars 1921). La candidature au trône d'Iraq de Fayçal, chassé de Syrie, est plébiscitée par le peuple local.

Mon Grand-Père, apprenant l'expulsion de son ami et compagnon de lutte Fayçal, allait se trouver dans une situation délicate, en effet l'entourage de Fayçal était visé. Ceci poussera Kamel à faire des choix, qui vous paraîtront sans doute durs vis-à-vis de son entourage, mais nul ne peut, à l'exception de Dieu modifier le cheminement du destin...

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